C’était durant l’été 1963, Léonore Fini (qu’Arman m’avait présenté quelques mois auparavant) m’avait invité à passer quelques jours chez elle, à Nonza. Elle organisait, dans cet ancien couvent, des journées charmantes pour ces hôtes et elle m’avait demandé si je voulais laisser un souvenir sur la terrasse qui dominait la mer. Elle n’était pas contrariante Léonore, je pouvais faire ce que je voulais. Tous les jours je faisais un tour sur la plage où les courants déposaient quelques débris et bois flottés. Avant mon départ, je lui ai offert « La grande déesse ». Le feu l’avait marquée, les seins brûlés et une grille de calorifère en place du sexe. Vous étiez bien une déesse de la mer, un peu sauvage, d’avant Praxitèle en quelque sorte. L’année suivante, vous aviez disparu, la tempête vous avait emportée, je ne vous ai jamais revue ni oubliée.