Non je ne me fâcherais pas, je ne suis pas jalouse de tes amies japonaises Aki, Michiko, Yumiko, Mégumi et depuis moins longtemps Tae et Tomoko, c’est l’intérêt que tu portes à ta vierge éternelle qui me chagrine. Arrêtez, je vous en prie, sinon je ne vous raconterais plus rien du tout. Bon sang vous n’êtes pas plus divine que moi pour vous mettre dans de pareils états.Mon cher Paulo pour être divine je n’en suis pas moins femme, il faut me prendre comme je suis! Continu tes histoires japonaises, la Cicindèle par exemple.Mais vous ne connaissez rien à l’entomologie et je vais en avoir pour des heures…Continu te dis-je.Plus tard ma chère, il est 3h du matin, j’ai envie de dormir, allez vous coucher vous aussi, on verra tout à l’heure, mais je vous avertis, il n’y a rien à raconter.Je reprends sans être persuadé de beaucoup vous intéresser. L’entomologie c’est une passion qui me vient de loin, de Mireille et du massif de la Grande Chartreuse, je ne l’ai jamais abandonné. Voyez vous c’est un art qui s’exerce dans des sociétés un peu secrètes et qui ne s’étale pas au grand jour, certes je l’ai fait débordé de son cadre et il m’arrive de ne pas pouvoir rester discret et de laisser éclater mon enthousiasme. La vue de Cicindela japonica Thunberg me donna immédiatement l’envie de la partager avec mes accompagnatrices. Je ne connais guère qu’Ernst Jünger capable de décrire ce sentiment, comme nous sommes loin alors des mauvaises histoires du Daudet de l’entomologie.
Ne t’emballe pas Paulo, c’est mauvais pour le cœur! Et après?Après, nous sommes allés déjeuner, nous avions faim.Tu ne changeras jamais, le spirituel ne t’inspire guère, tu es toujours aussi terre-à-terre.Je vous ferais respectueusement remarquer que pour apercevoir les Cicindèles c’est tout à fait préférable. Jamais un de vos philosophes à la con n’en a aperçu une!