J’ai déjà presque tout montré dans Les mythologies apprivoisées, si vous me donnez une adresse postale, je vous les enverrais. Je ne peux quand même pas faire un paquet en écrivant dessus : Madame Aphrodite, Mont Olympe, Grèce pour faire rigoler les postiers. C’est quand même marrant que vous soyez si humaine pour une déesse.
Tu me flattes Paulo, moi je ne suis pas comme ta coureuse des bois, je n’ai tué personne…
Ah, ne recommencez pas vos jérémiades si vous voulez que je vous raconte Galinsoga quadriradiata…
Je m’en fous de tes herbes sur lesquelles tous les chiens pissent, parle moi de tes amies colombiennes.
On était à Cali, ce n’était pas la guerre, c’était pire. Nous avons fabriqué une petite bulle dans laquelle nous pouvions respirer, nous y avons un peu oublié l’art, mais pas la liberté, tout y était simple et de l’ordre de l’offrande, les coquillages avec Marcela, les galets avec Diana, les exuvies de cigales avec Paula ou les menstrues avec Connie. Je ne connaissais rien dans ce pays, j’étais tout dépaysé, flottant en quelque sorte, un jour Monica et Carolina m’ont apporté un coléoptère, je ne pouvais même pas y mettre un nom dessus.
Ô, toi avec tes coléoptères, heureusement que tu ne le connaissait pas celui-là…
Quand j’ai parlé de la liberté du modèle il n’y a pas eu de questions, pas de discutions, elle était proposée, elle fut prise.
Et ce galet c’est Diana qui l’a trouvée ?
Non, c’est moi et je le lui ai offert.
Tu fais de drôle de cadeaux aux filles, tu ne vas pas te ruiner de cette façon, tu as de la chance qu’elles ne te les foutent pas sur la gueule les cadeaux que tu ramasses par terre, radin.
Si je ramasse un galet c’est une œuvre d’art, alors c’est un beau cadeau.
C’est vrai que tu l’avais bien choisi, mais quand même, tu étais au pays des émeraudes, offrir un galet…