TN – Si jamais le galeriste nous lit, ta réponse ne va pas obligatoirement lui plaire ?
PA – Je crois plutôt qu’il a pris avec moi conscience que la photographie n’avait aucune raison de rester l’affaire des photographes qui sauf de rares exceptions, n’ont pas compris ce qu’ils pouvaient en faire.
TN – Précise un peu, s’il te plait ?
PA –Quand tu regardes ce que font les gens qui se disent photographes, ils restent esclaves de ce que le médium offre au premier degré et les « sujets » sont d’une pauvreté désespérante. Les écoles de photographie sont d’ailleurs pires que celles des beaux-arts.
TN – Tu fais des progrès, tu as trouvé pire que ce que tu détestes.
PA – Avec le temps, je m’améliore.
TN – Je sens que tu ne m’en diras pas plus.
PA – Tu sens bien.
TN – Que vas-tu faire dans les jours qui viennent ?
PA – Le 6 novembre, je vais voir dans une galerie ce que Sophie et moi avons fait avec les Polaroïds dans les années 80.
TN – Tu aurais pu le faire avant ?
PA – J’ai essayé, mais personne n’a bougé. Il y en avait quelques-uns dans mon exposition « La vue et le toucher » à La Roche sur Yon en 1993…
TN – Tu as attendu 10 ans pour les montrer, tu n’étais pas pressé ?
PA – Effectivement.
TN – Tu n’as rien fait d’autre ?
PA – Si un petit livre « Model’s bath » en Suède en 1984.
TN – Parlons en de tes livres, ce sont à peine des plaquettes et quand tu les as faits, tu ne t’en occupes plus, on ne sait pas où les trouver. Tu en donnes trois ou quatre à tes amis et tu passes à autre chose.
PA – Je suis artiste, pas libraire.
TN – Et tes déesses, tes modèles en liberté, que deviennent-elles ?
PA – C’est une question qu’il faut leur poser, pas à moi qui n’en sais rien, même si j’attends avec impatience ce qui peut-être arrivera, ne t’inquiètes pas, j’ai confiance en toi, je t’en informerais.
TN – Si tu crois que je peux écrire mes chroniques avec ce que tu me racontes, tu te trompes.
PA – Pas tellement !