TN – Paulo, il faut que j’écrive et tes réponses sibyllines ne m’aident pas. Tu as la chance qu’une historienne de l’art te suive presque pas à pas, t’interroge au lieu d’écrire des conneries, et Monsieur fait l’intéressant. Parle-moi de tes projets.
PA –Quelques livres, si un éditeur se présente et l’alimentation du blog. Ah, j’oubliais un porte folio avec des reproductions de mes Rapprochements et déchirures…
TN – Tu ne vas pas trop te fatiguer !
PA – Je ne suis pas un stakhanoviste. Mon champ de recherche est suffisamment vaste pour qu’il s’y produise quelque chose, ne soit pas impatiente. De toute façon il y a toujours nos conversations, tes questions et mes réponses qui ne te plaisent pas toujours.
TN – Souvent ce ne sont pas des réponses, tu dis n’importe quoi.
PA – Nous parlons, c’est déjà ça.
TN – Tu participes à une exposition au Fotomuseum de Winterthur et la semaine prochaine tu exposeras dans une galerie de photo, n’est-ce pas contradictoire avec ce que tu as toujours dit de la photographie ?
PA – A Winterthur il se trouve que j’entre dans le sujet de l’exposition et que je le traite par la photographie, donc rien d’anormal. Au vu du livre catalogue, je regrette que les photographes soient en si grand nombre dans la manifestation, c’est vrai aussi que c’est un musée de photos. Quant à ma présence dans une galerie spécialisée dans la photographie, je t’ai déjà répondu, c’est assez amusant d’apparaître dans ce circuit où personne ne m’attend et comme mes recherches des années 80 y seront enfin montrées, je ne vais pas me plaindre.
TN – je ne suis pas certaine de la pureté de tes intentions, il me semble voir une amorce de sourire sur ton visage ?
PA – Attend encore un peu la suite, elle risque de ne pas te décevoir.
TN – je n’aime pas te voir t’embarquer dans ce genre d’aventures, je sais trop bien comment elles se terminent.
PA – Ne t’inquiète pas, je serais bien sage.
TN – Je n’en doute pas, c’est ce que tu as derrière la tête qui me préoccupe.
PA – Dort tranquille. On verra bien ce qui va se passer, rien peut-être !
TN – Cette affaire est trop belle pour ne rien cacher, que cherches-tu, c’est ce que je voudrais savoir.
PA – C’est ton métier d’étudier les manifestations de l’art, pas le mien. Viens au vernissage et tu verras !
TN – Je n’aime pas les vernissages et j’ai déjà vu ce que tu vas montrer. La manière que tu as de te distancer des médiums qu’il t’arrive d’employer et ce que tu as fait avec les polaroïds, de l’indexation à l’agrandissement en passant par le «démantèlement», est une chose, ce que tu manigance aujourd’hui en exposant ces recherches dans une galerie de photo en est une autre ? C’est ce qui m’intrigue un point c’est tout. Je te connais trop bien, bel oiseau, pour croire à un effet du hasard. Que m’offres-tu pour illustrer notre entretien?
PA – Un Polaroïd démantelé!