TN – Quand je regarde les images sur ton blog, je vois défiler ton œuvre et en même temps j’assiste à ses derniers développements. C’est pour moi comme un film.
PA – Je crois que tu as raison, même si c’est plus difficile pour moi, parce que toi tu es le regard extérieur. Certes j’arrive à me distancer, à prendre un peu de recul, à me regarder en quelque sorte, bien que je doive voir ce que j’ai envie de voir. C’est ce que me disent mes modèles, puis celles (ceux) qui regardant mes propositions disent ce qu’ils ressentent.
TN – Ne penses-tu pas que le public s’en fout, il regarde un point c’est tout, le reste ne le concerne pas.
PA – C’est possible, sans que j’en sois absolument certain. Il y a un tissu qui se met à exister. Ce que je montre devient l’affaire du regardeur, c’est l’éternelle façon qu’a l’art de fonctionner, on pourra écrire des tonnes de pages sur lui on ne changera rien à cela. C’est là où les universitaires secs qui se penchent sur lui n’arrivent pas à comprendre, ils le sclérosent, ils le foutent dans un bocal avec du formol et le rangent sur un rayon dans un musée.
TN – Tu es dans des musées.
PA – Pas beaucoup, je préfère le livre, la publication comme je dis, ainsi je suis chez les gens.
TN – Oui, mais tu ne sais pas comment ils se comportent ?
PA – Ce n’est plus mon affaire.
TN – Qu’est ce que tu as contre les universitaires, j’en suis une après tout ?
PA – Rien de spécial bien que trop souvent ils soient des tâcherons qui dévitalisent l’art, ils en font « une affaire » exactement comme une partie de la critique qui ne sait même pas de quoi elle parle. Ce ne sont ni les réflexions ni les études sur l’art qui me dérangent, ce sont les discours qui servent de support d’existence à quelques prétentieux. Ils se croient détenteurs d’un savoir qui leur donnent un pouvoir et c’est là qu’ils deviennent dangereux. Tu retrouves les mêmes schémas dans le monde politique où les individus sont beaucoup plus nocifs car si les premiers ne font qu’ennuyer des étudiants les autres attentent à nos existences.
TN – Tu exagères. Heureusement que tu n’as aucun pouvoir avec de pareilles idées, tu serais encore plus redoutable que ceux que tu accables de ton mépris.
PA – Chouette alors, je serais le petit homme sage qui fait le ménage comme le dit la chanson.
TN – Ton ménage me fait froid dans le dos !