Photo Turid Wadstein Gette
Photo Turid Wadstein Gette
TN – Tu détestes les voyages et tu étais en Hollande, qu’es-tu allé faire à La Haye ?
PA –Tu le sais très bien, nous sommes allés faire avec Niele Toroni une exposition qui était une suite à celle de Nantes.
TN – Encore tes histoires d’Artémis ?
PA – Mais non, c’est autre chose, un rapprochement de nos œuvres, une conversation si tu veux. Un triptyque se trouve représenter parfaitement notre collaboration (1). Nous n’entrons jamais en rivalité.
TN – A votre manière, vous critiquez « la critique » qui se cantonne généralement dans un système de classification un peu primaire, tu es qualifié de conceptuel et ton comparse de minimaliste alors que votre exposition montre et démontre tout autre chose, par exemple que ce qui semble vous situer à des années lumières l’un de l’autre est contredit par les rapprochements que vous opérez dans la salle que le Gemeentemusum vous a offerte. Vous avez pris en main le sujet et la mise en place des pièces qui constituent votre exposition ce qui est assez inhabituel.
PA – Si tu veux. En réalité nous supprimons les distances qu’une classification introduirait entre nous et de plus nous ne constituons pas un groupe qui serait lié par des ajustements formels ou idéologiques.
TN – Deux personnes constituent rarement un groupe.
PA – C’est une manière de parler. D’ailleurs après cette troisième manifestation, nous avons décidé d’arrêter, sauf si comme l’a dit Niele, on nous propose de faire quelque chose à Tahiti qui serait un « Hommage à Gauguin »…
TN – Et qui prendra quelle forme ?
PA – Nous n’en savons rien, ce sera toujours bien temps d’y penser si jamais nous obtenons une réponse à notre suggestion.
TN – Ce qui m’étonne c’est que l’on vous laisse faire. En 1988 ce sont deux architectes qui vous demandent de faire le 1% dans le bâtiment qu’ils viennent de construire au Creusot. En 2007, tu invites Toroni à exposer avec toi dans une galerie de Toulouse puis Blandine Chavanne, qui dirige le musée des Beaux-Arts de Nantes, vous offre « La salle blanche » réservée aux jeunes artistes sans même vous demander ce que vous allez y faire et aujourd’hui c’est Franz W. Kaiser qui vous reçoit à La Haye.
PA – Nous sommes peu exigeants, c’est sans doute ce qui facilite les choses. On arrive avec notre matériel et on installe. Nielle fait ses empreintes de pinceaux (2) et moi je colle mes photocopies et je dessine un peu (3).
TN – Paulo, je t’en prie ne commence pas à te foutre de moi, j’essaye de faire mon métier alors ne me complique pas la vie. Tu n’as pas seulement dessiné, tu as collé des feuilles de Nymphéa sur le mur.
PA – Elles ont été ramassées dans le bassin devant le musée et comme ma nymphe est timide, je m’en suis servi pour dissimuler un peu ce que la morale interdit de regarder.
Exposition Paul-Armand Gette et Niele Toroni, TritonKabinet, Gemeente Museum, La Haye du 06.12.2008 au 05.04.2009