L’art, il faut s’en occuper tous les jours

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Rien ne sert d’essayer de lui trouver des dénominations, il s’en fout. Qu’il soit anté, post ou moderne tout court ne change rien à l’affaire, à l’extrême rigueur tout ce que vous pourriez dire c’est qu’il est contemporain bien que ce soit une caractéristique très fugace qui vous obligerait en plus à préciser de qui ou de quoi, sinon il le serait de tout, ce qui fait vraiment beaucoup… Envisagée de cette façon d’énormes pans des discours tenus sur lui s’effondrent, ce qui est somme toute bien réjouissant.

C’est une journée qui commence plutôt bien. Après m’être offert cette très matinale satisfaction, il est 4 h. du matin, je vais pouvoir vaquer à mes occupations et non pas me mettre au travail ou aller me recoucher, ou peut-être déciderais-je de « faire l’artiste » !

Cela dit, quand je le fis les gens commencèrent à se marrer en regardant le résultat. L’avantage de la barbouillette c’était, du moins pendant un certain temps, qu’ils étaient bien certains de ne pas pouvoir en faire autant, elle les impressionnait quand même un peu, pas beaucoup, on disait alors « bête comme un peintre », toute fois suffisamment pour les faire tenir tranquilles.

Pendant tout le temps que j’ai consacré à mes Contributions à l’étude des lieux restreints, j’étais bien au calme. A part trois ou quatre amis, les autres disaient que ça n’en était pas, de l’art. Je continuais ce qui avait rempli mon adolescence : un usage de quelques sciences que je trouvais extraordinairement divertissantes. En 1945, je signalais la présence de Macroplea appendiculata Panz dans la Saône en amont de Lyon et en 1972 dans mon Approche descriptive d’une plage, celle d’Amara (Curtonotus) convexiuscula Mrsh. sur la partie nord de la plage de Malmö, ce fut un bel exemple de continuité. Je me laissais porter par mes goûts, ce qui pourtant ne rassurait pas tout le monde. Quand j’étendis un peu le champ de mes intérêts on me prêta une infinité de spécialités, je devenais botaniste, vulcanologue, géologue, que sais-je encore, mais pas artiste.

Après, quand je me mis à regarder les filles, ce que j’avais toujours fait d’ailleurs et à vous montrer ce que je voyais, je devins bien odieux et quand elles grandirent et que je continuais à les regarder avec beaucoup d’attention, je n’étais plus seulement odieux, mais un bien répugnant personnage, peut-être un peu artiste cependant.

Aujourd’hui on croit que ça va mieux, c’est une manière de parler, depuis le temps que ça dure, il est difficile de douter. Ils ne sont pas encore absolument certains que je sois artiste, ils s’interrogent, ils attendent pour voir la suite. Ils se demandent si la miction de la déesse ou la toilette intime du modèle sont des sujets bien montrables, même, comme ils disent, à un public averti.

Averti de quoi ?

 

 

Une réflexion sur « L’art, il faut s’en occuper tous les jours »

  1. C’est curieux comme, sous couvert de présenter a un ami vos oeuvres, je retourne a ce questionnement qui, lors de votre passage dans la galerie dont je m’occupais a l’époque, etait deja de mise : ‘A part trois ou quatre amis, les autres disaient que ça n’en était pas, de l’art.’ Ce bruit courait deja à l’epoque.Pas d’evolution donc, si ce n’est la preuve d’une duree dans le temps? Pour moi, qui ne me suis pas posée la question,la preuve est celle d’avoir toujours aujourd’hui envie de regarder vos oeuvres, de les partager avec d’autres. Juste un regret, cependant, de n’avoir offert qu’à votre regard mes cheveux, photocopiés sur la couverture d’un recueil. bien a vous

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