L’interrogation

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Tenebria me fait des reproches, ces derniers temps il paraît que j’ai été trop exhibitionniste en montrant mes boîtes et mon tiroir secret.

Ma bien chère amie, mon enfant, ma sœur, être artiste c’est pire que l’exhibitionniste des sorties d’écoles, c’est tout montrer et pas seulement ce qui fait faussement peur aux petits-enfants.

Etre artiste n’est pas une sinécure, ou vous bricolez la forme comme on vous l’a appris dans les écoles, ou vous attrapez le sujet à bras le corps et là bonjour les dégâts. Le collectionneur il ne veut pas du tout que vous veniez troubler son intérieur avec vos questions, ni que vous enflammiez son imagination en touchant votre modèle. Il s’en doutait bien qu’il se passait des choses derrière son dos, mais de là à lui montrer votre main sur le sein du modèle pour l’empêcher de dormir, il n’est pas près de vous suivre, il lui arrive de recevoir dans son salon.

Bien sûr vous pourriez suggérer un petit rideau vert devant l’image dérangeante ou encore le panneau dissimulateur cher au porteur de nœuds papillon ou encore pour clore définitivement la discussion proposer une petite promenade pour herboriser au coin de la rue pourquoi pas (voir en tête d’article Wahlenbergia hederacea (L.) Reich.).

Lors d’une de mes dernières manifestations un « servateur » du Beau Bourg s’émerveillait devant le fait qu’il existait des galeries privées pour montrer le résultat de mes recherches. Il a frôlé la promenade, heureusement que je suis contre la violence !

Exposer pour un artiste, c’est attendre la visite de ceux qu’il aime. L’absence de certains creuse les failles de l’inquiétude et de l’interrogation sur les raisons de l’absence. Exposer ou s’exposer, ce qui est la même chose, consiste à réclamer quelques sourires, quelques signes qui font que la continuation de l’œuvre devient possible.

Cette œuvre que j’ai assise sur La liberté du modèle fait que l’attente est perpétuelle. Jamais déçue, mais déplacée par rapport à ce que l’artiste attend généralement de l’art : une certitude qui m’a toujours effrayée. Je lui préfère l’incertitude permanente que procure la rencontre de l’autre. Ce que je déteste dans les religions ou les partis politiques, c’est qu’ils imposent des croyances automatiquement restrictives.

Le 17 mai, je trouve dans mon courrier une note de Tenebria Lupa à propos de l’exposition Dreamtime, qui vient d’ouvrir aux Abattoirs de Toulouse et dans la grotte du Mas d’Azil, note qu’elle me prie d’insérer.

Le titre de la manifestation aurait pu être : La vengeance de Magda !*

*Magda (sic !) est le nom donné par les préhistoriens à la jeune fille à qui a appartenu le crâne découvert dans la grotte au siècle dernier.

Hou la la, chère Tenebria, tu vas augmenter le nombre de mes amis !

 

 

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