…je reste tout éberlué. Mes rapprochements, mes glissements, mes enchaînements me confortent dans l’idée que j’ai des rameaux phylétiques. Elle avait raison l’élève qui disait à ses copines y fout rien ce type ! Quand nous étions au bord de la falaise d’Etretat et je fus ravi de l’entendre, elle apportait la confirmation qu’il n’est pas nécessaire de foutre quoi que ce soit. Comme cet été, je regardais la mer ce qui est toujours une plaisante occupation.
J’ai vite pressenti l’importance du rameau concernant l’origine qui dans l’ensemble de l’œuvre occupe une place prépondérante bien que me valant une masse de réflexion désobligeante. Cette origine (!), je la situerais dans ce massif de la Grande Chartreuse où, à l’âge de 6 ans, je rencontrais Mireille mon initiatrice aux belles sciences de la Nature. Le relais sera pris par quelques-unes de mes amies d’enfance ou d’adolescence jusqu’à ma décision de me consacrer à l’art en 1948.
Ma chère Alice régna en maîtresse absolue de 1960 à 70 et elle n’eut pas à prendre ombrage de l’arrivée de Nathalie et d’Emmanuelle mes premières petites filles modèles. Vous voyez combien l’œuvre se développe avec logique surtout si j’ajoute Viveka, Elisabeth et Nini qui montraient si joliment un petit linge qu’elles avaient toutes les trois de couleur blanche, mais est-ce bien une couleur, ou le miroir de l’âme ?
Jusque-là tout va bien, en 1980 le coup de gueule de la critique va donner naissance à une petite branche avec les Natures mortes pas si mortes que ça. On n’avait pas vu grand-chose, on ne verra plus rien du tout, ne restait que l’exuvie, le papillon s’était envolé.
L’été 1983 me verra proposer Le toucher du modèle à Pernilla puis à Sophie après mon retour à Paris et ce sera une nouvelle petite branche qui supportera à son tour le coloriage qui ne fut possible qu’à cause de l’étape précédente. Il est difficile de colorier sans toucher quoique ce soit. Je le répète sans cesse mon œuvre est empreinte de la plus grande rigueur.
Aujourd’hui les temps sont durs, nous sommes entrés dans l’ère des plombiers, on installe à tour de bras, ou des sportifs on performe dans tous les coins. Après la mode moscovite voici la chinoise, j’attends avec impatience celle de l’Arctique avant qu’il soit bien fondu ! Après quand tout sera bien pompier, on en trouvera toujours quelques-unes (uns) pour nous rafraîchir l’œil, c’est l’avantage de l’art cette faculté de résistance.
Dring, dring, dring !
Tu es content, tu as râlé un petit coup, tu vas passer une bonne journée maintenant ?
Oui.
Elle a une drôle d’allure ta mer.
C’est le bord.