Mes rapprochements actuels, de par (la machine n’aime pas mon « de par », mais qui se soucie de l’opinion d’une machine, serait-elle célibataire !) le voisinage de deux médiums et les formats différents des images contribuent à l’établissement d’un espace qui concerne le temps et aussi le champ plastique (sic !). Ils sont bien la prolongation de mes cinématographies sauf qu’elles possédaient l’unité du médium et l’identité du format des images alors que les deux sont perturbés dans les rapprochements. Je n’y montre pas seulement « l’intime », j’en étends la représentation. Les éléments qui constituent chaque composition entretiennent bel et bien entre eux une conversation silencieuse. J’ai peut-être été un peu audacieux avec mon « bel et bien », je me suis laissé emporter par la fougue de l’intime, quoique je déraille encore avec ma fougue, alors je vais m’arrêter, c’est l’heure de boire un verre d’un petit blanc sec et fruité, je vous invite, quand vous voulez. A bientôt, nous converserons ?
Nouvelles de Tenebria
Bien que je ne sois pas une porte, il y avait longtemps que tu ne m’avais pas fait sortir de mes gonds.
Qu’est ce que c’est que ce tableau pourri dont tu nous balances une photocopie agrémentée de la langue de Tuula ?
Tu te moques de la peinture, ou tu rêves de lécher les Nymphes ?
D’accord, elle a une belle langue, mais tu sais bien et depuis longtemps qu’ils ne supportent pas les photocopies. Tu n’as pas encore compris, il faut que tu ailles les exciter, alors qu’ils ne te demandent rien. Tu as beau raconter que si Dürer vivait aujourd’hui il ferait des photocopies, tu n’arranges pas tes affaires et tu plonges les petits patrons culturels dans des interrogations auxquelles ils sont incapables de répondre et ils ne te le pardonnent pas.
Ô Paulo, excuse-moi, voilà que je deviens aussi conne qu’eux. J’ai cédé à la colère et je t’imagine en train de rigoler dans ton coin, tu l’as fait exprès, espèce de voyou.
Après-tout, l’art c’est peut-être ça, nous faire bondir dans un premier temps, c’est comme une saveur nouvelle, on est surpris. Vas-y mon mignon fait moi encore sauter de temps en temps, je t’embrasse après mon coup de gueule, c’est un joli contraste ou une conversation intime, comme tu préfères.
En réalité ils s’amusent avec nous les joyeux organisateurs de la culture, il leur faut du grandiloquent, du gigantesque qui vous remue l’âme, mais la distraction des uns ne fait pas obligatoirement le bonheur des autres. Un de ces quatre, je vais répondre à ton invitation et venir goûter ton vin blanc à nouveau, on relira les aventures d’Ada et Van et on oubliera les autres.
(Réponse)
Heureusement que personne ne comprend ce que tu racontes et qu’ils ignorent tout de nos liens de parenté. C’est ton côté Etrusque qui te pousse à ces délicieuses extrémités et je ne saurais m’en plaindre. Il suffirait pourtant qu’ils ouvrent un livre mais ce qui est drôle c’est qu’ils ne savent pas lequel. Il est vrai qu’ils ont oublié depuis longtemps ce genre de plaisir et ce n’est pas moi qui vais leur dire ce que la fréquentation des sœurs apporte aux frères ou vice-versa sans aucun jeu de mots. Tu vois, il suffit de presque rien pour ne plus les voir ou ce qui est encore mieux ne plus les entendre.
Quand j’étais enfant, je chantonnais : « Un jeune vieillard assis couché à plat ventre sur le dos… » et quand je me regarde aujourd’hui c’est un peu comme ça que je me vois !