L’Apothéose au Château! Une succession qui pour une fois n’est pas secondaire

Apothéose

Te voilà revenu après ton tour extérieur, tu avais envie depuis longtemps d’échapper à la lourdeur de ton climat national et moi qui suis une étrangère je te comprends, il est irrespirable. Tu n’es pas sorti d’affaire pour autant, Tu t’es embarqué un peu inconsidérément dans cette histoire autour de Casanova, je sais que tu n’as jamais aimé le Vénitien, tes goûts te portent plutôt du côté du marquis. Tu as pris tes précautions en disant que tu allais t’occuper de la séduction des femmes et là tu n’as pris de grands risques c’est ton sujet habituel.

Ce n’est pas ça qui me préoccupe beaucoup, tu vas nous sortir un tour de ton sac et avec l’ami Trenet nous offrir un joli échange de balles. A Anvers tu jouais solo, parfait le mur ne trahit jamais, à trois c’est comme au billard et la bande n’est pas toujours très franche. Alors mon joli tu as intérêt à faire retendre les cordes de ta raquette. Te voilà averti, soigne ton service. Je ne sais pas pourquoi je te donne des conseils sportifs à toi qui détestes le sport !

Je voudrais revenir sur l’évolution de la célébration (Les menstrues de la déesse ou L’apothéose des fraises), depuis l’évocation de 1994 et celle donnée dans la vallée du Lot en 2005 que de changements. Tu devrais m’aider à déterminer ce que chacune des participantes y a apporté. Marie Lapalus qui a toujours trouvé tes blocs/sculptures soclés très phalliques aurait surement quelques choses à dire à ce sujet. Toi-même tu as été bien discret, il serait temps que tu nous éclaires un peu en tenant compte de ce que disent ou font celles qui t’accompagnent. Tu as toi-même parlé il y a quelques années du tableau de Fragonard Le sacrifice de la rose au titre des plus ambigus, ensuite Martine, Odile, Connie, Laurence, Bénédicte ont certes évoquées les menstrues, mais je ne peux m’empêcher de penser aussi à une défloration, Connie ne te demande-t-elle pas de mettre dans l’exposition de Cali en 2000 le drap taché sur lequel elle s’était étendue. Peut-être bien que ton sujet est en train de glisser vers un autre, et que tu vas très prochainement entendre dans le public des couinements d’une toute autre sorte. N’oublie pas ton exposition à Vence en 1963 que tu avais intitulé Femmes et blessures et dans laquelle tu montrais des dessins des années 60.

En 1963 tu te préoccupais encore de tes assemblages de lettres et cette exposition a parue bien incongrue. Elle était en quelque sorte « prémonitoire ». Il n’en reste presque rien, tu as tout détruit sauf un ou deux dessins que j’ai vu dans un carton et que tu avais montré à Mulhouse ce qui prouve au moins que tu ne les avais pas oublié. Je n’hésiterais pas à y voir un possible point de départ. Alors que l’ombre d’Alice s’étendait et que tes « petites filles modèles » allaient mettre encore 7 ans avant de se manifester, le titre de ton exposition affichait très nettement la couleur sans que tu précise pour autant de quelles blessures il s’agissait. Mis à part Alphonse Chave qui a mis immédiatement sa galerie de Vence à ta disposition personne n’a bougé et tu as remballé tes dessins sans dire un mot. Si je poursuis ma réflexion, je n’hésiterais pas en employant ta méthode du rameau phylétique de considérer ces dessins comme un point aussi important que la grande déesse de 1963 ou les petites filles modèles.

J’obtiens alors concernant cette partie de ton activité :
Les petites filles de ton enfance
L’excursion au sommet du Vésuve en 1935
Tombeau pour une nymphe (Calcination) – 1960
Lettres pour Alice (assemblage de lettres) – 1961
Femmes et blessures – 1963
La grande déesse – 1963
Les nymphes (toile photographique) – 1965
Les petites filles modèles– 1970
Les petites culottes – 1981
Le toucher du modèle – 1984
Les toilettes du MNAM – 1986
La toilette du modèle (Babeth) – 1991
Essais de coloriage (d’aréole) – 1992
Les Chroniques d’Aphrodite – 1994
Les menstrues de la déesse (Martine) – 1996
La miction d’Artémis & La toilette intime du modèle (Enna) – 2001
L’Apothéose des fraises (Anne et Laurence) & La confiture des Nymphes – 2005

On pourrait sans doute affiner ma chronologie et en étudier les rameaux parallèles, mais s’y référer permettrait de comprendre comment tu procèdes et l’importance des ouvertures que tu acceptes et qui infléchissent l’évolution de l’œuvre. Je n’ai indiqué que des points de départ sans analyser les développements ultérieurs, mais je crois que c’est ainsi qu’il faut procéder.

Il est certain que tu n’as pas facilité les choses. Tu as fait un amalgame entre les menstrues de la déesse et l’apothéose des fraises, les premières étaient des interprétations, les secondes une célébration et si elles ont évolué dans des directions différentes c’est bien ce que la critique a été incapable de voir.

3 réflexions au sujet de « L’Apothéose au Château! Une succession qui pour une fois n’est pas secondaire »

  1. Cela devient interessant dites moi.. Mais la séduction alors? Elle disparait? Non bien sûr, elle est présente en filligrane partout, à quoi bon la traiter comme un sujet à part? A oui c’est vrai pour plaire à Casanova…

  2. Bonjour Paul-Armand,

    Tjs autant d’esprit et de sens dans votre blog, merci pour nous. Je suis à Paris, ces jours-ci… Un petit café serré? Veuillez me contacter au 06 09 26 67 70. Amitiés,

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