Que touche-t-on ?

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C’était à Rennes (photocopie directe!)

La représentation du toucher, j’en ai fait un des centres de mes recherches et depuis Pernilla et Sophie nous (mes accompagnatrices et moi-même) sommes arrivés à obtenir quelques résultats. La difficulté était de focaliser sur un espace qui limite la vision au toucher sans distraire le spectateur par autre chose, c’est là que nous arrivions à rejoindre les contributions à l’étude des lieux restreints en les poussant pour ainsi dire dans un dernier retranchement où elles arrivaient à se confondre avec l’intime.

On a retenu du toucher du modèle uniquement le franchissement d’un interdit, ce qu’il était bien évidemment et on a oublié une partie du sens que pouvait prendre le mot modèle. Quand le petit linge était le sujet et le modèle, son toucher élargissait considérablement l’étendu du sujet tout en limitant à l’extrême le champ de ce qui était montré. La situation se complexifiait si la main du modèle rejoignait la mienne produisant une mise en perspective qui ne doit rien à la géométrie. L’image proposée est alors un toucher du modèle par le modèle ou dans certain cas ce qui peut être considéré comme un aller retour : du modèle me touchant.

Comme d’habitude la critique n’a rien vue, ou pas voulu voir que ces touchers allaient bien plus loin que le franchissement de l’interdit qui est en lui-même peu de chose ou plus exactement la frontière établie par la société ou la morale, mais laquelle ?

Aucune car elle n’a plus existence, pulvérisée par un consentement réciproque qui fait alors que l’art montre ce qui est considéré comme non montrable ou hypocritement déclassifié et rangé dans un espace réservé qui est celui de la pornographie.

Je ne critique rien et je ne porte aucun jugement (les juges me dégouttent encore plus que les critiques), je me contente de montrer dans quelles situations l’exhibition du toucher place le spectateur, libre à lui de claquer la porte qui se trouvait entrouverte. En réalité, nous ne montrons pas grand chose et ici il ne s’agit pas de l’usage du pronom de majesté, mais peut-être bien de l’usage de la liberté.

C’est là aussi où je m’éloigne des spéculations nébuleuses du spirituel avec la plus grande efficacité, ces touchers d’une partie de corps ou d’un objet font bien passer l’haptique dans l’optique sans l’embarrasser de sentiments, le montrant en quelque sorte à l’état pur. Vous n’étiez peut-être pas habitué à tant de rigueur dans le traitement d’un sujet, rien ne viendra freiner votre chute dans la profondeur du gouffre que j’ouvre sous vos pas et je ne saurais jamais sans doute où elle s’arrêtera.

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