Le MNAM ouvre une importante exposition Arman. J’ai prêté La Courtilière – 1962 uniquement pour respecter une promesse faite à mon ami.
A cela, j’ajoute (hors institution !) :
Une carte postale que j’ai déjà publiée, il est parfois utile de se répéter
La contribution d’Arman au N°1 de la Revue NEW ETER (Malmö 1969)
Clef de viole – 1969, une petite œuvre (29 x 20,5 cm) à laquelle il attachait une importance particulière.
D’autre part, Tita Reut, auteur et organisatrice d’Arman la traversée des objets, rétrospective au musée de Vence en 2000, considérée par l’artiste comme sa biographe, aurait pu être sollicitée pour apporter sa connaissance de l’œuvre et du personnage, dommage. Les lecteurs apprécieront, nous lui avons demandé quelques lignes.
Addenda pour Paul-Armand Gette
Déclinaison du mot « voir », à propos d’Arman
Texte de Tita Reut
C’est sans doute être visionnaire que voir en face les vérités élémentaires qui nous gouvernent. Les arbres (les œuvres), on le sait, cachent parfois la forêt (le pilotage des institutions). Et la forêt de Dunsinane avance inexorablement sous le regard des Macbeth…
Visionnaires, les grands artistes le sont, et, donc, l’est Arman, non seulement dans son œuvre, mais dans l’ensemble de sa vision : l’objet, les stratégies de travail, les modules de présentation, la société qui l’entoure (consommation des « choses », et des êtres à travers les « choses » : on « se souvient » de Georges Perec), la tendre dérision sur le destin des hommes… Tous ces aspects seront visibles lors de sa rétrospective au Centre Pompidou (22 septembre 2010 / 10 janvier 2011), qui est aussi sa première exposition « solo » en ce musée privilégié de l’art contemporain. Cette manifestation tardive, mais combien légitime pour un créateur de si grande envergure, me rappelle une profération d’Arman en forme de prophétie.
Il y a bien longtemps, Madame Pompidou avait suggéré à la Conservation du Centre une rétrospective de notre « montreur d’objets », comme il aimait à se définir lui-même. Il lui fut répondu qu’Arman était riche et n’avait pas besoin de ça. A quoi Arman rétorqua qu’il ignorait que les musées français fussent l’Armée du Salut… Et il me confia : « Quand je serai mort, ils demanderont à mes veuves »…
Récemment, un de ses pairs Nouveau Réaliste me confirmait, à ce sujet, qu’en France, effectivement, on aime tracer le portrait d’un artiste en costume de garde-chasse. Il fallait donc qu’Arman descendît de sa voiture, de ses deux ateliers (à New York et à Vence), et du socle de ses collections, de sa passion pour les arts d’Afrique, nommés « arts premiers ». Mais ceux qui le connaissent et l’ont côtoyé savent à quel point point il savait mouiller son poitrail de peintre avec une énergie non réductible, qui est celle des grands porteurs…. Même contrainte par les circonstances, elle est et restera dans cette puissance-là, sans faillir. Antonin Artaud (qu’Arman citait volontiers) nous a averti depuis longtemps que « l’esprit est une bataille de corps », et le corps pour l’artiste, perdure au-delà de lui, et continue de bouger dans son œuvre. N’est pas né celui qui balaiera ces traces-là, ni les compagnonnages qu’Arman avait organisés autour de lui. « Camarade, ouvrier syndiqué », clamait-il en forme de salut. Accréditant pour ses amis que « l’amour est plus inflexible que l’enfer », comme l’affirmait une autre rebelle inclassable, Thérèse, dite d’Avila…
A Paris, le 19 septembre 2010