M’étant beaucoup penché sur les « fantômes » au cours de l’été j’ai l’impression d’en voir autour de moi, non pas ceux qui hanteraient mes nuits, mais ceux qui me semblent « largués » avec sur le visage un air de désespérance et une allure un peu flottante. Peut-être suis-je en train de m’inventer des histoires sans les croire vraiment, l’ère des salopards se porte bien et n’épargne pas plus les arts que le reste. Quant à moi, mon blog et mon feuilleton m’apportent la distraction nécessaire pour rompre la morosité du quotidien. Pour le temps qui reste je vais devoir me bricoler quelques belles raisons de ne pas m’engloutir dans les marais de l’indifférence sans savoir si Mademoiselle de Scudéry les avait prévus dans sa cartographie sentimentale.
Le téléphone sonne, oufa ! C’est Tenebria.
Arrête Paulo, ils ne vont pas comprendre ce que tu racontes. Ils n’ont jamais entendu parlé de ta demoiselle et de sa carte. Tu dates mon mignon, trouves autre chose.
Voilà mon enthousiasme piétiné avant de naître, mon élan inventif mort-né, mon rêve interrompu. Que vais-je devenir si mes facultés exhibitionnistes sont réduites à zéro. Je ne peux quand même pas me mettre à courir les marchés pour y installer les images de la liberté du modèle, de son toucher ou de sa toilette (intime !).
Au lieu de me faire des remarques déplaisantes Tenebria ferait mieux de m’organiser quelques présentations de mes œuvres dans son Etrurie natale ou ailleurs, sur le pont qui enjambe l’Arno par exemple. Cet enjambement correspondrait bien à mes intérêts artistiques. Montrer des entre-jambes sur un enjambement serait de la plus grande pertinence, d’une rare adéquation au lieu qui me vaudrait certainement les louanges de la critique dont la vacuité aujourd’hui s’explique facilement par l’ignorance et la paresse. La paresse passe encore, quant à l’ignorance qui l’empêche de voir ce qu’elle regarde, c’est un peu plus grave. A moins qu’une conscience de l’ignorance soit la raison de la paresse ce qui serait la preuve d’une grande perspicacité.
N’ayant pas grand-chose à faire, je ne fous presque rien, ce qui me laisse beaucoup de temps pour réfléchir à ce que je pourrais bien faire. C’est en quelque sorte un programme en boucle qui s’offre à moi, un genre d’Ouroboros tournant sur lui-même constituant une agréable figure qui comme une roue folle s’éloigne de moi et de mon appartement dont les fenêtres donnent sur le jardin de l’immeuble situé de l’autre côté de la rue, c’est dire que si je le voulais je ne manquerais pas d’occupations.
Ce matin Keiko est mort. Il s’en est allé au paradis des chats après une vie de lion a dit ma fille. Il repose en terre douce sous les feuilles qui sentent bon, les feuilles du grand arbre là un peu plus loin dans la cour à gauche. Peut etre il attend sa prochaine vie en attendant que cela se rechauffe, comme les hérissons.
J’ai de la peine, il me manque,
des fois qu’il se réveille au printemps, je lui est laissé un chemin de sortie de mon pull
maman a dit « chapeau l’artiste ! », qui a passé le noel sans broncher
elle avait dit « après une.. belle.. vie de lion »
et ça compte!
bise du soir, veille du lendemain, sur sur sur lendemain de la vue de la fen^tre
2011, soit.
haut les coeurs