Les avantages procurés par la liberté (du modèle ?)

Le premier et le plus important est que le modèle n’en est pas un dans le sens donné généralement à ce mot. C’est une personne qui a envie de me montrer quelque chose et à travers moi de vous le montrer. C’est une manière décalée de vous atteindre. Finalement je vous montre ce que j’ai vue de ce qui m’était montré, c’est à dire que vous ne savez pas grand chose de ce qui a pu se passer même dans les cas où l’haptique a pris le relais de l’optique, ce qui constitue une belle interrogation dont l’art a le secret.

La disparition d’un choix de ma part produit une économie maximum, les critères régissant habituellement la sélection d’un modèle par un artiste n’existant plus. Si je suis sollicité, il n’y a jamais refus de ma part, si je suis le solliciteur deux réponses sont alors possibles oui ou non. Le non coupe court à ma demande, le oui ouvre ou entrouvre, suivant les cas, la porte de la liberté.

D’autres avantages et non des moindres proviennent de l’inutilité des accessoires procurés par l’artiste ou la nécessité d’un lieu spécial pour les prises de vue, n’importe quel endroit me convient, toutes tenues vestimentaires ou l’absence de toutes sont acceptées. N’importe quel appareil photographique fait mon affaire n’étant pas préoccupé par la photographie. Le temps n’est pas non plus un facteur contraignant, ce n’est pas moi qui en décide.

Sans arrêts j’essaye de perfectionner cette manière de faire, bien que je pense qu’elle soit arrivée déjà à un excellent résultat, j’accepte bien entendu toutes les suggestions. Parfois je pense être bien prêt de l’art du portrait, bien que la figure ne soit pas toujours au centre de nos préoccupations. Ce « nos » n’a rien à voir avec la majesté, c’est celui qui concerne la personne que j’ai en face de moi et moi-même, c’est un « nos » d’intimité en quelque sorte.

Si la démarche peut semblée à première vue paresseuse ce n’est qu’une illusion. Certes elle diminue ce qui n’est qu’une agitation préliminaire doublée d’un ridicule appel à l’inspiration mais elle réclame une extrême attention à l’autre qui s’accommode mal de l’agitation.

Tenebria m’appelle :

– Tu vas bien Paulo ?

– Oui, oui, je m’ennuie un peu, mais ça va.

3 réflexions au sujet de « Les avantages procurés par la liberté (du modèle ?) »

  1. La zone (nature existante) entre le modèle et votre trace d’artiste, est-ce précisément cela qui conduit votre travail ?

  2. Après la formulation de « la liberté du modèle » en 1991, nous (les personnes qui me rejoignent dans cette aventure et moi) ne sommes plus certains de la justesse du mot « modèle » pour parler de ce que nous faisons ensemble.
    Quand à la notion de travail, je la récuse, je ne travaille pas, je passe mon temps!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *