A l’origine une demande de prêt émanant du Mobilier national est adressée au Fond national de l’art contemporain concernant Le toucher de la Nymphe que je comptais faire figurer dans un ensemble qui sera présenté en octobre à Paris. En date du 10 juin, la réponse d’un Inspecteur de la création artistique, responsable des collections arts plastiques fut lapidaire :
« Les 5 photos de Paul Armand Gette ont été trop exposées et compte tenu du temps long de cette exposition, elles ne peuvent aujourd’hui être présentées ».
On aurait pu en rester là, mais quand la fonction publique, en l’occurrence le Fond national de l’art contemporain, se conduit de la manière la plus invraisemblable qui se puisse imaginer, apparemment il est de bon ton de la boucler pour ne pas froisser la susceptibilité des fonctionnaires qui y travaillent or il se trouve que généralement je n’ai pas l’habitude de la boucler.
Dans cette réponse le « trop exposées », qui n’est justifié en rien par l’Inspecteur, m’a donné envie d’en savoir plus et surtout d’apprendre où l’œuvre avait été montrée sans que je n’en soit jamais informé.
Un peu d’histoire
Sur proposition de Madame Anne Tronche me fut acheté en 1988 un ensemble composé de quatre œuvres inspirées par le modèle et la possibilité de le toucher. On ne peut que louer ces fonctionnaires qui veillent si jalousement sur ce qui est confiées à leurs soins, ou ont-ils peur de voir l’argent du contribuable s’évaporer au soleil ? Renseignements pris auprès de l’administration, il s’avère que trois prêts s’échelonnent entre cette date et le dépôt de l’œuvre en avril 2004 au Centre des livres d’artistes de Saint Yrieix-la-Perche où depuis elle n’a jamais été ni exposée ni prêtée. Ma chère Nymphe s’est reposée pendant sept ans, un record digne de la Belle au Bois dormant ! Ses gardiens ont dû en faire autant et la demande de prêt provoquant un réveil brutal explique peut-être ce « trop exposées » qui est toujours loin de me satisfaire.
Encore une fois, on aurait pu en rester là, mais en face de quoi me trouvais-je ? Zèle intempestif, manque de précision scientifique, animosité envers je ne sais qui, (ce qui constituerait alors une faute dont je me réserve le droit d’apprécier la gravité), mépris des auteurs, censure ou s’agit-il d’une peu élégante manière d’éliminer les tâches pour lesquelles nous payons ces sauveurs de l’art, je n’en sais rien, mais il demeure que cette attitude a l’heur de m’inquiéter et de susciter quelques interrogations. Que par hasard ces œuvres ne plaisent pas à certains fonctionnaires, c’est leur droit, de là à influencer les décisions qu’ils ont à prendre pour répondre aux demandes de prêt les concernant est une autre histoire. Que cette histoire me remette en mémoire d’inquiétants souvenirs ne constitue en aucun cas une injure envers ces personnes elle m’inquiète, un point c’est tout. Je me méfie de ces signes avant-coureurs qui précèdent les catastrophes et passent inaperçus.
Si j’ajoute à cela que ma demande d’une photographie de l’œuvre intitulée « Le toucher de la Nymphe » n’a reçu à ce jour aucune réponse satisfaisante malgré plusieurs rappels, sans vouloir injurier personne, je me demande toutefois si ce Fond n’est pas un lieu d’engloutissement (sans fond !) de l’art contemporain.
Remercions bien vivement celles et ceux qui évitent à ma chère Nymphe les coups de soleil, mais regrettons que l’obscurité s’installe de manière fort inquiétante dans ce pays dont nous sommes quelques uns à n‘être pas certains qu’il soit celui dans lequel nous voulons vivre
Paul Armand Gette