Cube ? White or not

Le « White Cube » n’a pas fini de faire couler de l’encre ce qui après tout établit un joli contraste dont il serait dommage de se priver. Si l’encre coule, elle ne peut que le noircir ! Le regarder de l’extérieur comme les minimalistes ou de l’intérieur comme ceux qui vont le chercher jusque dans la Réforme et ses effets les plus immédiats sur l’architecture des Temples protestants ne perturbent en rien son impavidité, j’allais écrire sa virginité, mais je me suis retenu à temps car cela laisserait ouverte la porte à la supposition qu’il puisse la perdre, ce qu’apparemment ceux qui s’en réclament n’ont hélas jamais envisagés. Ce serait le doter d’une possibilité d’évolution qu’il est loin d’avoir.

Et alors ?

Je laisserais volontiers tomber le blanc pour ne conserver que le cube et plus précisément ceux s’inscrivant dans le système qui nous procure par l’arrangement des molécules les beaux cristaux de la fluorine ou du chlorure de sodium donnant toute sa saveur à l’eau des océans. Ah, je ne suis pas un thuriféraire de la pureté, d’où le peu d’attrait ressenti pour le blanc par contre le transparent est à mes yeux paré de grands attraits.

Le blanc est un générateur d’ennui, et le musée tel qu’il est conçu aujourd’hui en prend allègrement le relais d’où mon goût prononcé pour les endroits « habités » dans lesquels j’aime me glisser. L’opacité et la matité de la couleur muséale se trouvent renforcés par la pesanteur qu’elles donnent à la forme, j’aurais, quant à moi, tendance à la doter d’une qualité traversière comme je le fis en 1969 lorsque Christian Boltanski m’invita à participer à Work in progress dans les jardins de l’American Center du boulevard Raspail à Paris. J’installais alors un cube de 2 x 2 x 2 m uniquement matérialisé par ses arêtes et de ce fait traversable par le public.

Je n’en avais pas terminé avec le cube, après avoir établi son immatérialité j’allais le retrouver évocateur de bien autre chose que la pureté. Grâce à ma chère Nini qui en 1984 m’aidait à retrouver les émotions que Pierre Loti avait éprouvées en présence d’Aziyadé. Notre médium ne fut pas le « white cube » mais les petits cubes roses des loukoums que mon modèle mordillait. Mon « mauvais esprit » me fit voir dans ces légères morsures d’un coin des « turkish delights » une représentation du sexe de la belle et jeune circassienne qui s’échappait du harem pour visiter l’officier de Marine résidant à Istanbul. Après avoir souvent dessiné « Le coin rose du loukoum d’Aziyadé », j’eus le bonheur de le voir réalisé en 2005 grâce au dynamisme efficace de ma chère Cousine des alpages et je peux vous assurer qu’ils sont loin d’être blancs mes cubes dont l’angle un peu tronqué appelle la main des visiteurs.

3 réflexions au sujet de « Cube ? White or not »

  1. bonne année Paul-Armand
    merci pour ce site aux interstices de nos libertés
    merci des douces lignes
    belles fêtes à venir

  2. Bonjour,
    Je retrouve ici, avec un immense ressentir, l’espace tel que vous l’avez créé et re définit avec White Cube.
    Merci pour l’ensemble de votre oeuvre.
    Martine

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *