Inter valle ou lude ?


Il n’y a pas de contraires aux êtres ou aux choses, il y a des « opposés ». Je pourrais dire de part et d’autre d’un point zéro, d’un 0m. ou d’un miroir par exemple, les deux formant un ensemble simple. Si j’ai souvent évoqué cet état de fait, je l’ai aussi utilisé dans mes recherches (voir du côté des Morphogrammes et des Cristaux), ensuite j’ai plutôt exploré les « rapprochements » d’images déjà bien proches. Mes « cinématographies » ressortaient des mêmes interrogations. La complexité des films ou des pièces de théâtre m’a toujours rebutée et ennuyée. Je ne contracte pas le temps, je l’installe entre deux images.

Sophie et Babeth m’ont quelques fois enlevées ma montre bracelet au cours de nos séances de photographies, ce que j’ai appelé « l’enlèvement du temps ». Cet « enlèvement » se retrouve dans certaines « Natures mortes pas si mortes que ça » qui sont aussi des « cinématographies ». La montre y est, dans la deuxième image, visible sur la culotte, deux choses ont été enlevées et si elles sont en rapport avec Eros et Tanatos, elles sont aussi évocatrices d’un hors champ que le regardeur est libre d’imaginer.

Avec moi l’écrit est parallèle au visuel et non pas son commentaire, ce qui modifie la situation de la démarche en l’installant sur la marge de deux espaces de conception de l’art, ce que la critique s’est obstinée à ne pas voir, sans doute déstabilisée par cette position écotonique renforcée par le fait d’y glisser certaines méthodes empruntées aux sciences.

Ce que furent les « avant gardes » a été trop souvent un aménagement de la manière de produire des images, beaucoup plus rarement un décloisonnement des genres. Si elles étaient, comme le suggère l’emprunt au langage militaire pour les désigner, devant le gros de la troupe, cela ne signifiait nullement qu’elles s’en distinguaient. Les « décloisonneurs » de l’art (Duchamp, Picabia, les Dadaïstes berlinois, Fluxus) en ont élargi le champ ce que n’ont pas fait ceux qui par exemple se sont attachés à ce que j’appellerais volontiers des variantes formelles (impressionnisme, cubisme ou abstraction serait-elle froide ou lyrique !).

Une partie de ces « décloisonnements » a filtrée dans les écoles d’arts sans y être comprise et nous vaut aujourd’hui ce tsunami d’objets, d’installations, de performances dans les flots duquel les graines de l’art de demain tentent de survivre. Je ne doute pas qu’elles y arrivent et trouvent le terrain propice à leur développement sous ce regard féminin qui ne cesse de se dégager de l’emprise masculine qui l’a si longtemps contenu.

2 réflexions au sujet de « Inter valle ou lude ? »

  1. l’aréole de ton modèle semble avoir la même circonférence que le cadran de ta montre..

    vulpes

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