Alors, toi tu exagères, je serais tentée de dire comme d’habitude. Tu profites de ton anniversaire dont tu te fous éperdument pour nous répéter ce que tu nous serines à longueur d’année. Je veux bien te suivre, mais avoue que ce n’est pas facile ! Le 13 mai devient pour toi une occasion de râler, depuis le temps que je te connais, je m’y suis habituée. Ce à quoi je ne m’habitue pas, c’est ta manière dont tu illustres tes réflexions. Je le connaissais ton diagramme représentant neuf galets de l’Arize, je l’avais vu dans ta vitrine à Vélizy, mais là au moins tu nous avais montré ce qu’il t’arrive de faire aussi avec les galets, tu les avais proposé à Corinne comme ornement, c’est à dire que tu les avais installé sur le mont de Vénus de la demoiselle, d’ailleurs tu avais eu quelques problèmes, car si il y en avait neuf dans l’espace du diagramme, il n’en restait plus que huit sur elle. Quand je t’avais interrogé sur les raisons de cette disparition, tu m’avais répondu un peu légèrement que tu n’avais pas su quoi faire du neuvième, que tu n’avais pas pu lui trouver une place, ce qui m’avait laissé dubitative. Je me suis attachée à ce que tu fais et j’avais peur que quelques spectateurs mal intentionnés te questionnent au sujet de cette disparition. Tu avais rigolé en me répondant que personne ne regarde l’art avec une telle attention. Je t’avais trouvé bien culotté, toi qui te réclames de la rigueur scientifique, de faire disparaître un galet. Comment veux-tu que j’exerce correctement mon métier si tu fais le fou.
Ma chère Tenebria, je me rends à tes arguments, mais je t’assure que personne ne remarquera ce dont ta conscience professionnelle s’étonne. Pour te rassurer, voici la fameuse image aux huit galets et je te garantis qu’ils vont ressentirent une telle émotion en la voyant qu’ils vont en oublier de compter. Grand remerciements à toi et à Corinne qui a bien voulu accepter de se prêter à cette évocation de ce que j’imaginais être un hommage à la jeune fille magdalénienne dont on a retrouvé quelques traces dans la grotte du Mas d’Azil. Je crois me souvenir que les initiateurs de cette manifestation pourtant nommée « Dream Time » n’ont pas été sensibles à mes intentions ornementales. Pourtant l’acquiescement de Corinne, m’avait conforté dans mon idée qui consistait à réunir les produits de la rivière qui traverse la grotte à la jeune disparue, il y avait là un sentiment de fluide qui me paraissait d’une grande évidence, je me suis sans doute trompé, mais l’image reste.
le neuvième galet a peut-être ricoché sur le mont de Vénus de Corinne…
Vulpes
Corinne n’est-elle pas en train de suçoter le 9ème galet ?