De la manière de voir les choses


Rien ne pouvait mieux convenir pour montrer le toucher du modèle que la photographie, sans pour cela faire de moi un photographe, et si un premier toucher fut celui de Pernilla en 1983, je n’ai jamais dit que « modèle » serait toujours une personne, mais si c’est le cas souvent, mes questions nous font bien rire.

Puis-je vous toucher ?

Oui

Où ?

Stupeur ou hilarité, car ce « où » peut être entendu de deux façons :

1– Quelle partie de vous puis-je toucher

2 – En quel lieu voulez-vous que je vous touche ? (la place publique, la plage, le parking, la salle à manger, que sais-je encore !)

J’exagère, mais pas beaucoup !

Si le modèle est autre qu’une personne, naturellement les questions n’ont pas lieu d’être posées, quoique parfois elles me viennent à l’esprit.

Ma chère rose (Rosa rugosa Thunb. par exemple) puis-je vous toucher ?

L’absence de réponse peut être entendue en faisant appel à la sagesse populaire :

« Qui ne dit mot, consent.

Ce toucher de fleurs qui paraîtra peut-être scandaleux aux yeux du public, car c’est un toucher de sexe, et dans le cas de cette rose, toute rugosa qu’elle soit, celui d’une belle japonaise.

Ne voyez là aucune allusion, Rosa rugosa Thunb. est bel et bien originaire du Japon et je ne suis en rien responsable de sa présence sur la plage scandinave que je visite chaque année. C’est la faute à Thunberg qui l’a ramenée dans ses bagages et depuis elle m’enchante chaque été, ce qui vaut bien quelques attentions délicates de ma part, quand je la rencontre, d’autant plus que ce toucher est inscrit entièrement dans l’espace de l’art où il rejoint ceux auxquels il m’arrive de procéder, lors de mes recherches bien entendu.

Vous avez là un bon exemple du cheminement que la critique devrait faire quand elle est confrontée à certaines de mes propositions plastiques concernant l’haptique au lieu de m’abreuver d’injures comme fétichiste dernièrement à Marseille ou « dégueulasse » qui depuis quelque temps s’enrichit d’un nouvel adjectif pour devenir « Vieux dégueulasse ».

Et pourtant, quelle plaisante occupation que d’écarter délicatement les pétales de ma belle japonaise. Oh, pardon de Rosa rugosa Thunb. et de séparer ses étamines d’un doigt précautionneux pour contempler son pistil, ouf, l’émotion me gagne, c’est ce qui arrive quand on ne respecte pas l’ordre établit, il avait bien raison Jean-Jacques de conseiller l’étude la Botanique à sa belle cousine, si j’avais su j’aurais dû mieux étudier la mienne, enfin je voulais dire la Botanique.

Vous voyez à quoi peut conduire le toucher de la rose, qui je vous le rappelle est la fleur d’Aphrodite, tout cela provient de ma propension aux débordements sans laquelle l’art aussi bien que la science seraient les plus ennuyeux du monde.

2 réflexions au sujet de « De la manière de voir les choses »

  1. …il m’arrive de poser mon nez au coeur des pétales..
    et toi?

    vulpes

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