Il en est des noms comme des êtres, certains sont aptes à vous faire rêver. La Belle de Mai à Marseille et la rue de La Grange aux Belles à Paris sont parmi ceux qui ont la plus grande faculté d’ouvrir sur des espaces imaginaires que j’ai quelques difficultés à définir, bien que chaque fois que je les entends prononcés, j’éprouve une émotion tendre qui immanquablement m’amène au sourire.
Au cours des années la Belle de Mai de quartier est devenue friche. En dehors du fait que le lieu soit épouvantablement spolié par les « artistes » qui s’y sont installés, pourtant cette friche conservait à mes yeux un pouvoir de séduction si grand que le 17 mai, je ne résistais pas à l’envie de m’y rendre pour voir ce qu’il en était. Les « artistes » avaient allégrement massacré l’endroit comme je le redoutais. De rares parcelles avaient conservées le charme qui est généralement celui des friches et des Belles.
Il était difficile de s’y perdre, je retrouvais pourtant ces « lieux restreints » que j’avais si minutieusement explorés depuis la fin des années 60. Ici, se précipitait ce que ma passion des distances (le 0m. bien sûr !) m’avait inspiré, mais aussi ce recours aux énumérations de noms que la Botanique ne manque jamais de me procurer.
Où était cette Belle de Mai que je n’avais pas su trouver dans sa friche, sinon dans le petit bar du boulevard de La Libération où Alexandra ne manquait jamais de garnir les tables de minuscules bouquets qu’elle composait en mêlant de manière fort délicate pivoines et œillets de poète et dont elle m’en offrit un la veille de mon départ.
Il ne servait à rien d’afficher en gigantesques lettres « LA FRICHE DE LA BELLE DE MAI ». De la friche il ne restait presque rien et la belle avait disparue depuis longtemps. Les belles sont parfois farouches, un peu Diane, n’est ce pas ma belle Artémis ?
Paul-Armand revoici venu le temps des compliments : le texte « La Friche de la Belle de Mai » est superbe, n’en faisons pas un modèle, me dis-je à moi-même, admirons. Bon. En bon bretteur je sais que tu n’adores pas trop les compliments, j’arrête donc ici mon boniment.
Amitiés, Didier Hays
Didier Hays, puis-je ajouter ici que l’hommage que vous adressâtes à Paul-Armand Gette en janvier 2011 est aussi très beau.
Quelle douceur Paul-Armand, ces quelques mots me concernant…je suis surtout touchée que vous ayez reçu ces moments de vie comme je souhaite les donner. Je me ballade de temps en temps avec un débardeur 0.m, à très bientôt au bar l’ olympique, vous y serez toujours le bienvenu.vous n’ êtes pas forcé d attendre la saison des pivoines. …..