Tenebria – Dit, Paulo, tu joues au cyclope avec ton œil, même s’il n’est pas au milieu de ton front. J’ai bien vu que c’était le droit et alors je me demande ce que tu pouvais bien faire avec le gauche, si maintenant tu nous regardes d’un œil ça ne va pas faciliter mon travail. C’est une manie chez toi de ne pas te servir de ce que tu as en double. Pour toucher tes modèles tu utilises ta main gauche et pour nous regarder ton œil droit, je voudrais bien savoir à quoi rime ce croisement de deux sens, tu vas fatiguer tes hémisphères cérébraux avec ces acrobaties et moi comme toute bonne critique de l’art que je suis, il faut que je trouve des réponses, car c’est bien ça que nous devons faire « trouver des réponses » pour que les pékins visiteurs ne se posent pas trop de questions.
Peut-être as-tu trop regardé Poussin, tu te prends pour Polyphème du haut de son rocher dévorant du regard (c’est le cas de le dire !) Acis et Galatea bien que ce genre de voyeurisme ne te ressemble guère, ton genre serait plutôt le rapproché ! Tu vois dans quelles difficultés tu me plonges avec ton œil, tu aurais pu mettre les deux, personne ne se serait étonné, ils auraient été contents, c’est dans leurs habitudes, tout dans les yeux, l’âme et les sentiments. Entre nous, je n’arrive pas à y voir quoique ce soit sinon tes sourcils que tu pourrais arranger un peu avant de te faire photographier.
Tu en as de bonne avec ton « je vous regarde » sous-entendu d’un œil et avec l’autre, que fais-tu ? Peut-être ne dors-tu que d’un œil. Si c’est le cas va te coucher mon mignon et tu peux fermer les deux yeux, je veille sur toi.
PAG – Ma chère Etrusque, tu es pleine de sollicitude à mon égard et je t’en remercie et aussi parce que tu inventes des mots qui enrichissent ma langue.
Tenebria – je n’aime pas du tout que tu m’embarques dans des histoires de langue, je ne sais jamais de quoi il s’agit et avec toi je me méfie.