Je vous regardais marcher dans cette mer peu profonde et sans doute froide, puis mon attention se déplaça sur un geste de votre main gauche qui à chaque pas que vous faisiez effleurait la surface de l’eau. L’image montre le soulèvement de ce film qui semble suspendu à l’extrémité de vos doigts et qui se déchirait quand l’espace qui vous séparait devenait trop important.
J’ai oublié de vous attendre ensuite pour vous demander votre nom ce qui fait que je suis dans l’incertitude mais qu’en raison de l’endroit où nous étions, je pense que je pourrais l’inventer avec quelque vraisemblance.
Sans la rapidité de prise de vue de la camera, je n’aurais pas vu les conséquences de votre geste, mais seulement sa grâce, son élégance ne s’adressant à personne.
C’est en parodiant quelque peu Marcel Duchamp que j’ai décidé de regrouper quelques images sous le titre « La camera regarda vite ». Toutes seront liées à un sujet qui m’est cher les « Effets et conséquences de la mécanique des fluides ».
Donc, ma chère Tenebria, pas d’affolement, rien de tout cela n’est bien nouveau, ce sera certainement un prétexte pour mes Artémis de se moquer encore un peu de l’imperfection de nos yeux. Ce sera à toi qu’incombera, encore un fois, la lourde tâche de proposer au public une hygiène du regard dont il a tant besoin et du même coup, de nous valoir une estime (au combien méritée) de la déesse Hygie.
Tu es quand même fort pour m’embarquer malgré moi dans tes élucubrations, et comment vais-je justifier ta propension à te mêler d’une part de ce qui ne regarde pas et d’autre part de ce qui n’intéresse personne.
Mirage qu’on peut voir non dans le désert mais dans la mer. L’eau que la main soulève n’esxiste pas mais sa vision n’en existe pas moins. Que voit-on quand on voit cette main qui donne existence à ce qui n’existe pas ?