TL – je suis désespérée par ton manque de sérieux, alors que les artistes ont comme préoccupations majeures la communication, le marché et les relations avec les institutions, toi, tu t’intéresses aux fées !
Le plus extraordinaire c’est que tu arrives à en rencontrer ce qui n’arrange guère les choses, car alors bonjour les fantaisies, les rondes au clair de lune, les ailes qui bruissent au bord de l’eau, enfin rien qui ne s’accommode vraiment avec le monde pictural.
Tu ne veux pas répondre à mes questions ou alors tu me dis que les sciences t’amusent plus que l’art et que quand il s’agit de nous montrer ce qu’elles veulent nous montrer elles sont bien plus inventives et que de toute les façons il y a bien longtemps que tu as décidé de ne plus rien séparer du tout. Comprenne qui pourra, tu t’en fous, tu coures la fée !
Tu as passé 24 heures dans la petite vallée où moi je n’ai vu aucune fée, tu avais dessiné des ailes d’Ephemera sur du plastique et les agitant devant l’objectif de ton appareil numérique, tu disais que c’était les ailes de la fée et que l’on pouvait bien faire n’importe quoi l’art n’étant qu’artifice. Tu étais sérieux comme un professeur en nous débitant tes âneries, mais moi qui te connais bien je voyais que tu avais le coin de l’œil rigolard.
Depuis ton retour, tu n’arrêtes pas de chercher dans tes livres le nom de trois ou quatre plantes que tu as ramassé, et contrairement aux fées, les noms, tu les trouves. Ils vont être ravis les visiteurs de pouvoir lire que cette saloperie que tu as trouvé dans l’eau ton copain Linné l’a appelé Fontinalis antipyretica (voir supra).
Fontinalis, je veux bien, mais pour la suite comme elle est trempée comme une soupe, ta plante, c’est évident qu’elle soit anti pyrétique.
PA – Ah, ma bien chère amie, rien ne cause plus de plaisir que de te voir grimper aux rideaux. C’est comme ça que j’aime la critique, au moins la colère te fait échapper à la prose habituelle à tes collègues. Merci beaucoup, continue s’il te plait à m’accompagner dans les bois car les lauriers ne sont pas encore coupés. Quant à la jolie Fontinalis que tu qualifies de « saloperie » c’est une mousse aquatique du plus gracieux effet.
encore merci ami.