Occupations matinales

Ce matin, photographies de fleurs de Paeonia un peu lasses, c’est ainsi qu’il est évident de comprendre ce que me disait Yumiko au Japon, que cette fleur représente la féminité et non pas la rose comme c’est souvent  le cas en occident. Ce n’est pas la première fois que je pratique le toucher du modèle de cette façon et chaque fois me revient en mémoire ce que j’avais entendu à Fukuoka.

TL – Je t’observais tout à l’heure pendant tes inconvenants touchers, et moi aussi, en te voyant, j’entendais et comprenais ce que te disait Yumiko, je constate aussi que tu arranges un peu les choses accentuant ainsi ce que tu veux leur faire dire.

PA – C’est l’art cet arrangement…

TL – je t’entends bien, n’insiste pas, j’ai compris et je vois bien comment s’inscrivent ces images dans ton parcours, d’ailleurs toi-même tu viens de parler de toucher du modèle bien que je ne t’ai pas entendu lui demander son avis à ta pivoine.

PA – Tu étais trop loin et pour parler aux fleurs il n’est pas nécessaire d’élever la voix.

TL – Tais-toi beau masque, tu as toujours réponse à tout. En réfléchissant, je ne vois pas de différence dans ton comportement que ce soit avec les fleurs ou les personnes qui te rejoignent dans tes recherches, tu y appliques toujours la même attention.

PA – Je suis heureux de te l’entendre dire !

TL – Toutes les fleurs peuvent donc trouver grâce à tes yeux même si je note ta très nette préférence pour les roses et les pivoines. C’est un point que je ne trouve pas vraiment traité dans les études critiques qui te concernent. Tu pourrais être plus explicite au lieu de t’en remettre à moi. Toi qui aimes les rapprochements…

PA – Si je fais tout, il ne restera plus rien pour les spectateurs, après tout c’est à eux de faire le tableau, comme l’affirmait déjà Monsieur Marcel.

TL – Je veux bien te suivre mais quand je le fais moi-même le tableau, avec ce que tu nous offres, j’ai peur que dans ton pays d’abrutis, il me conduise tout droit en prison. Autre chose, Donatien Grau te demande une courte biographie, il voulait trois lignes pour éclairer le public qui visitera une exposition à laquelle tu participes et voilà ce que tu lui envois : « Paul Armand Gette, né le 13 mai 1927, manifesta très vite un vif intérêt pour les sciences de la Nature et le toucher du modèle. Ce goût lui procura l’occasion de participer à quelques expositions et de publier les résultats de ses observations par ci par là, ce qui est bien la meilleure chose qui puisse arriver à un artiste! ». Monsieur continu et fait l’intéressant. Remarque qu’après ce que tu avais fait le matin avec tes pivoines, on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux, ma parole, tu y prends goût à ces caresses pétalières.

PA – On ne dit  pas « pétalière »

TL – Je m’en fous, ta langue est d’une pauvreté désespérante, tu aurais préféré pétalifère peut-être, à moins que pétalophile décrive mieux ta passion pour la Botanique.

PA – C’est trop tard, regarde l’heure, il est 23h50, nous voilà un peu en avance, oh pas grand-chose, à peine une dizaine de minutes avant de basculer dans le nouveau jour, enfin c’est toujours ça de gagné, il aura 24h10 si on ne va pas se coucher tout de suite.

TL – Je me demande ce que tu vas en foutre de ces dix minutes, toi qui passes ton temps à ne faire presque rien, sinon de me faire la conversation et de me proposer des situations à faire mourir un Actéon et rougir une Artémis et qui m’entrainent loin de mes occupations premières, à moins que tu ne préfères caresser les pivoines, ce qui ne me convient pas non plus, d’ailleurs tes dernières images ressemblent beaucoup à celles que tu nous as déjà montrées.

PA – Pas plus que toi à ta voisine.

TL – De quoi tu parles ?

PA – Tu peux facilement deviner.

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