Parenthèse N°1

photocop-petales-blog.jpg

 

 

Comment vais-je faire pour caler ce qu’elle demande entre le chapitre I et le II ? Elle exagère la déesse, elle ne doit pas être si déesse que ça si elle n’a pas déjà vu tout ce qu’elle me force à raconter. Bon enfin je vais m’y coller et commencer par Sophie. Non, non pas Sophie enfant, Sophie nubile, grande fille quoi. On est plus dans l’Antiquité, la morale a fait des progrès, après tout je ne sais pas si se sont de vrais progrès, mais ils nous le disent, alors il faut bien les croire, même si je les soupçonne de se foutre de notre gueule. Je suis timide, j’ose à peine aborder des sujets pareils. En 1984, j’avais envie de faire mon Lotto. J’avais photocopié des polaroïds et mis sur le résultat des pétales de rose avant de faire une nouvelle photographie. Eh, là-bas, la protectrice des amours, la maman de Cupidon, vous êtes satisfaite, les roses ce sont vos fleurs!

 

technorati tags:

 

Chapitre III

tuv-blog.jpg

 

Un message s’inscrit sur l’écran de mon portable, je vous le transcris sans en changer une ligne.
« Tu vas trop vite Paulo! Si tu continues mon histoire sera bâclée en trois ou quatre chapitres. D’ailleurs tu as un sacré culot d’appeler chapitres tes petits paragraphes. Raconte un peu ce que tu as fait avec Sophie et Marie-Eve et d’autres peut-être. Attention, je te surveille et n’oublie pas de me montrer ce que Nini faisait au loukoum rose d’Aziyadé. »
Me voilà beau, si elle continue, je vais me transformer en archéologue, je vais devenir taupe à force de fouiller dans mes boîtes. La Diane, elle aussi me tombe sur le râble, elle dit que je suis son artiste et je ne dois pas traîner avec la première radasse venue (quel langage!). Elle est vierge et pure, dit-elle, elle ne couche pas elle! Je l’avais prévue cette embrouille, malgré les apparences, je suis un homme d’ordre. Lequel ? On ne sait pas, celui des chapitres sans doute. Je ne peux pourtant pas tout mélanger, tout chambouler pour le plaisir de ces Dames. A demain, non à tout à l’heure, il est 5 h., je vais me coucher.

 

technorati tags:

 

Chapitre II

aphro-blog.jpg 

 

Je bats Alexandre Dumas, ma seconde rencontre avec Aphrodite ce fut 30 ans après ! Je partageais l’atelier de Christian Boltanski à la nationale supérieure et chaque mercredi, je traversais la cour de l’Hôtel de Chimay où quelques sculptures exécutées par des élèves des temps passés servaient d’ornements et parmi elles, vous étiez là ma chère Aphrodite. Continuer la lecture de Chapitre II

Chapitre I

deesse-blog.jpg 

 

C’était durant l’été 1963, Léonore Fini (qu’Arman m’avait présenté quelques mois auparavant) m’avait invité à passer quelques jours chez elle, à Nonza. Elle organisait, dans cet ancien couvent, des journées charmantes pour ces hôtes et elle m’avait demandé si je voulais laisser un souvenir sur la terrasse qui dominait la mer. Elle n’était pas contrariante Léonore, je pouvais faire ce que je voulais. Tous les jours je faisais un tour sur la plage où les courants déposaient quelques débris et bois flottés. Avant mon départ, je lui ai offert « La grande déesse ». Le feu l’avait marquée, les seins brûlés et une grille de calorifère en place du sexe. Vous étiez bien une déesse de la mer, un peu sauvage, d’avant Praxitèle en quelque sorte. L’année suivante, vous aviez disparu, la tempête vous avait emportée, je ne vous ai jamais  revue ni oubliée.

 

 

Introduction

Ah mes amis, je vous prépare un nouveau feuilleton pas piqué des hannetons, Melolontha vulgaris Fabr., même si je ne suis pas très certain de la synonymie, tout change si vite! Certains disent qu’aujourd’hui ce serait plutôt Melolontha melolontha (L.). Précédemment je vous ai abondamment entretenu de ma très chère coureuse des bois en prenant bien soin de ne pas la contrarier et le plus fort de tout c’est que j’y suis presque arrivé (à part quelques réactions allergiques qu’elle m’a envoyées alors que je lui caressais la feuille sur une plage septentrionale). Je m’estimais heureux et ne pensais plus à rien, c’est alors qu’Aphrodite m’a appelé sur mon téléphone portable et là bonjour les reproches et les injures : ingrat, pouffiasson, suborneur ! La Vénus était furieuse, je la cite : « Comment, moi qui t’ai réconforté quand tout triste tu contemplais l’écume des vagues ton 0m. à la main, moi qui t’ai tout montré de ma divine anatomie. Dis, salopiaud, tes histoires de menstrues, c’étaient les miennes, tout seul, tu n’y aurais jamais pensé. D’accord, à Rome tu m’as prêté ta veste quand tu as sortis mon plâtre de cette cave froide et dégueulasse où ils m’avaient fourré, ce n’est pas une raison pour lécher les bottes de la Diane. Môssieur fait le joli cœur, se tortille devant l’Artémis en tremblant dans ses culottes. Pas les siennes crétin, les tiennes. Je t’en foutrais moi de lui caresser la feuille à ton Artemisia vulgaris L. Hou la la, l’Aphrodite en colère c’est presque pire que l’autre, plus moyen de l’arrêter, elle est costaude la Cnidienne, elle me secouait l’oreille (au téléphone!), je n’osais pas raccrocher, je cherchais des mots doux lui rappelant le jardin de la Villa, le bain moussant, les iris, les fraises, les Monts Ramus. L’assurant que je ne l’avais jamais perdu de vue, que j’avais écrit ses chroniques, que Marcadé avait dit que Bénédicte, c’était elle tout crachée, que nous savions tous que ma dette envers elle était incommensurable et éternelle comme elle, qu’il n’y avait que moi qui ne l’étais pas etc. etc. Enfin son sourire est revenu, on a refait ami ami, je lui ai colorié un peu l’aréole, parlé de Lotto qui tout comme moi lui avait orné l’entre-jambes de pétales de rose, assuré que j’allais lui montré comment Aziyadé léchait le coin du loukoum rose. Là elle à franchement rigolée, elle voulait que je lui montre tout de suite, j’avais toujours un peu la trouille, alors j’ai promis que l’allais m’occuper d’elle, que mon prochain feuilleton lui serait consacré tout entier et patati et patata.
Préparez-vous à la patience, car j’ai juré de ne rien oublier et je ne veux pas me foutre tout l’Olympe sur le dos. Elle va me surveiller, je vais devoir jouer serré entre les deux, heureusement que « l’entre » c’est un peu ma spécialité. Voilà, on fait l’artiste qui n’a peur de rien, on va réveiller les déesses au lieu de faire de la barbouillette et elles ne demandent que ça les Olympiennes qu’on s’occupe d’elles, seulement on n’est pas de taille, alors comme le disait l’ami Paraz « Valsez saucisses » sauf que moi la valse n’a jamais été mon truc, je ne suis pas romantique, mais alors pas du tout. Remarquez que les déesses, elles ne le sont pas non plus, ce n’était pas encore inventé. Bon, elle me téléphone encore, ça devient une manie, pour me secouer les plumes, elle trouve que je l’entortille avec mes salades, elle me presse de commencer à la raconter et elle veut voir. Misère il va falloir que je plonge dans mes boîtes, quel boulot, et tous les jours, pourquoi pas double ration le vendredi. J’aurais jamais dû, j’aurais jamais dû abandonner mes petites bêtes, mes chers coléoptères… et comment je vais l’appeler, moi, ce feuilleton ? Aphrodite, pour que Monsieur Pierre Louÿs me saute sur le paletot. Il est mort ? A bon! Encore le téléphone, c’est Aphro qui se marre, andouille me dit-elle, ça fait vingt ans que tu l’as trouvé ton titre : Les chroniques d’Aphrodite ! Allez Paulo au travail, rame coco…

 

technorati tags: