Lettre (suite)

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Tout l’été tu as profité de mon absence pour roucouler avec ton Artémis. Je t’avertis que je serais de retour pour l’automne, j’espère alors que ta copine reprendra son boulot dégueulasse de chasseresse. Voyez-vous ça, Mademoiselle polit sa virginité en zigouillant tout ce qui bouge. Tu as autre chose à faire que le joli cœur et d’attendre son bon vouloir. Je comprends bien que c’est un joli sujet, n’oublie pas pourtant que c’est toi qui lui a proposé le camouflage, alors maintenant, elle n’a plus besoin de faire sa mijaurée, plus personne ne la voit, enfin elle passe inaperçue et bon débarras !

(Hou la la, ma Tenebria est en pétard, elle pique sa crise, la déesse n’a plus qu’à bien se tenir et moi aussi ! Je vais lui offrir une fleur pour la calmer.)

J’ai été injuste avec ton Artémis, ce sont tes histoires qui me troublent, les tiennes ou celles que j’invente en regardant ce que tu fais. Tu racontes ton enfance avec complaisance, seulement tu racontes ce que tu as envie de raconter, tu n’en rajoutes peut-être pas beaucoup, j’ai assez tendance à te croire, ce sont les espaces entre ce que tu livres qui me donnent le vertige. Je te perds dans ces béances qu’il t’arrive parfois de combler deux, trois ou dix ans après. Tu nous entretiens de tes sujets sans que je sois persuadée qu’ils le soient, ou plus exactement c’est toi qui es ton sujet. Celles, ceux (!) que tu appelles « tes modèles » collaborent à ta découverte, ils ont sans doute envie d’en savoir plus sur toi que sur eux. J’ai l’impression que tu t’es amusé à inverser la polarité de je ne sais pas trop quoi. Oserais-je dire que si l’histoire d’une vie éclaire parfois une œuvre, tu nous as joué un tour en éclairant  l’enfance (la tienne ?) avec ce que tu nous montre. Ce que tu appelles le toucher du modèle m’en semble un très bon exemple, c’est sans doute sous cet angle qu’il faudrait l’envisager. Chez toi il sera bien plus l’exhibition d’un désir partagé que le franchissement d’un interdit quoique tu en dises. Ah, je ne te rends pas service de cette façon, ils vont dire que tu n’es pas sérieux. Tu dois t’en foutre évidemment.

Si jamais, un jour, quelqu’un tente de faire ta biographie, il aura l’air d’un con et si je dis « il » c’est que je crois qu’une femme sentira le danger, celui de se couvrir de ridicule et qu’elle y regardera à deux fois, alors qu’un homme s’y jettera la tête la première, ce ne sera pas difficile, il suffira de recoller les morceaux. Pour le reste, ce que tu n’as pas dit et que tu diras peut-être un jour, je leur souhaite beaucoup de courage.

 

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