Noir

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TN – J’aimerais que tu me parles de ton retour au noir ?

PA –Si la photocopie « noire » que j’utilise ne retient que l’essentiel de ce que je lui donne à regarder, si elle gomme une grande partie des anecdotes que la couleur valorise, elle n’est pas pour autant un retour à ce passage au noir qui s’imposait à moi à la fin des années cinquante.

TN – Tu as dit un jour que si Dürer vivait aujourd’hui il utiliserait la photocopie.

PA – Je le pense sérieusement, la gravure était alors un moyen de faire circuler des images. La photographie constitua une étape sur cette voie, la photocopie va encore un peu plus loin et quand je photocopie des photographies, je ne fais qu’utiliser une possibilité dont je n’ai aucune raison de me priver. On a inventé des critères pour dire qui est artiste qui ne valent pas un clou. Il y avait les peintres, il y a aujourd’hui les vidéastes, le médium devient un passeport. Le passage de l’icône à l’indice ne change hélas rien. C’est ce que le public a le plus de difficulté à comprendre.

TN – J’entends bien ton discours qui n’explique pourtant en rien la répulsion du public envers le médium que vous êtes quelques-uns à employer.

PA – Je pense que c’est la disparition de la main derrière la machine qui forme barrage. La photographie pouvait encore être considérée comme une spagirie, certes ne conduisant pas à grand-chose, toutefois la complexité des manipulations impressionnait. Les améliorations techniques qui réduisirent la part de l’opérateur à presque rien démystifièrent « le métier » aux yeux du public. Il veut admirer quelque chose et de préférence quelque chose qu’il ne peut pas faire. Cette admiration pour le « faire » se situe au premier degré. Aux yeux de la plupart est artiste celui qui peut faire ce qu’ils ne sauront jamais faire. Il fallut attendre les débuts du siècle précédant pour que des artistes comme Raoul Hausmann ou Man Ray commencent à dire qu’ils ne sont pas des photographes et sortent la photographie du bourbier dans lequel justement « les photographes » l’avaient enfoncée.

TN – Hou la la Paulo, tu fais ton professeur…

PA – Mais non, je râle un peu c’est tout.

TN – Tu râles beaucoup et tu engueules les gens. Ils n’aiment pas ça tu sais…

PA – Je m’en fous. Ce qui me passionne c’est le sujet et je me réjouis d’avoir une gamme étendue de moyens pour le traiter, si d’autres apparaissent tant mieux, mais de grâce ne vous mettez pas pour autant à créer sans fin de nouvelles catégories.

Pour revenir à ta première question, je dirais que je ne recherche pas plus aujourd’hui que précédemment une esthétique du noir, je serais plutôt tenté par un éloignement temporaire du miroitement de la couleur pour renforcer le propos tenu par le sujet que je traite dans l’espace de la liberté du modèle.

TN – Tu parles bien Paulo, mais ils rigolent. Ta dernière lecture a réuni 25 personnes…

PA – Si tu étais venu, il y en aurait eu 26. Bouge un peu tes fesses (que tu as fort belles) la prochaine fois !

TN – Tu es grossier parfois…

PA – mais non c’est un compliment, si tu préfères, je peux te dire que tu as de beaux yeux… Etrusques !

TN – J’aime assez que tu t’en souviennes.

PA – Je peux te parler aussi de quelques autres de tes beautés si tu veux ?

TN – Pitié, contente toi de répondre à mes questions. Par exemple en novembre, tu vas exposer dans une galerie spécialisée dans la photographie ce que tu as bricolé avec des polaroïds dans les années 80, tu trouves ça logique ?

PA – Non, drôle !

 

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Une réflexion sur « Noir »

  1. NOIRES EMPREINTES, ROSE SANG

    Si je devais recommencer à écrire je commencerais par l’entrée en ton ventre d’argile où la lumière se réfléchit dans la rose rouge de son sexe, par son œil scandaleux dont lorsque je te pénètre il ne reste que l’épure. J’étends encore ma main dessus comme un limon d’étoile, une main protectrice. Tu es mon territoire interdit et suave sous tes broderies. Tant de fois j’ai imaginé ton sexe sur mon visage. J’ai tant rêve les plis de son sillon où avancer rigide et la tête à la renverse pour éloigner toutes les douleurs humaines. Si je devais finir d’écrire, je finirais par là. Ce retour. La naissance. Le rouge du désir comme une grande marée dans la houle du sang. Il faut bien en effet qu’un jour la vie commence.

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